Certains confondent parfois les actionnaires et les parties prenantes (shareholders et stakeholders en anglais). Cependant, ces rôles sont différents : un actionnaire désigne une personne qui détient des parts de votre entreprise, tandis qu’une partie prenante influence le projet sur lequel vous travaillez. Dans cet article, découvrez les principaux éléments de distinction, ainsi que l’importance qu’il faut accorder aux besoins des parties prenantes lors de vos prises de décisions.
Warren Buffet a acheté sa toute première action pendant l’été 1942 à l’âge de 11 ans. Lorsque les autres enfants jouaient au baseball et s’échangeaient des bandes dessinées, il possédait déjà six actions chez CITGO d’une valeur de 38 dollars américains chacune, faisant de lui un actionnaire d’entreprise pour la première fois.
Le magnat aujourd’hui connu pour ses investissements colossaux a commencé au bas de l’échelle : il avait beau détenir des actions chez CITGO, à son jeune âge, il était loin d’être une partie prenante d’envergure dans un quelconque projet de l’entreprise. Cette dernière n’ayant probablement même pas conscience de son existence.
Comment Warren Buffet a-t-il pu être un actionnaire sans pour autant être une partie prenante ? Ces deux rôles peuvent porter à confusion, mais représentent des responsabilités bien différentes.
Un actionnaire est une personne qui détient des actions au sein d’une entreprise. Les actions sont des petits titres de propriété émis par l’entreprise : si vous ouvrez un compte-titres et que vous achetez des actions, vous possédez foncièrement une partie de l’entreprise. Cela fait donc de vous un actionnaire à part entière.
En tant qu’actionnaire, il est coutume de vouloir rentabiliser son investissement. Vous êtes donc amené à vous intéresser à la performance générale de l’entreprise, car le prix des actions grimpe lorsqu’elle réussit. Ainsi, vous pouvez faire un bénéfice en revendant vos actions à un prix plus élevé que ce qu’elles vous ont coûté.
Selon leur type, les actions en votre possession vous permettent de toucher un dividende, de voter pour les mesures concernant l’entreprise, comme les fusions et les acquisitions, ainsi que d’élire les membres de son conseil d’administration. Tout actionnaire a le droit de vote, mais le nombre d’actions détenues détermine le poids de ce vote. En d’autres termes, les gros investisseurs ont une influence considérable sur le plan stratégique d’une entreprise.
Il existe deux types d’actionnaires : les actionnaires ordinaires et les actionnaires privilégiés. Les actions ordinaires et privilégiées peuvent toutes les deux être acquises avec un compte de courtage, mais proposent des avantages différents.
Les actionnaires ordinaires détiennent des actions ordinaires. Ces actions bénéficient d’un taux de rentabilité plus élevé à long terme et permettent de posséder une part de l’entreprise. Quiconque en achète peut voter pour les mesures qui concernent l’entreprise et élire les membres de son conseil d’administration. Toutefois, les actionnaires ordinaires s’exposent à davantage de risque : en cas de liquidation, ils ne peuvent prétendre à des actifs de l’entreprise qu’à condition que les détenteurs d’obligations, d’actions privilégiées et autres titres de créance aient déjà été intégralement rémunérés.
Les actionnaires privilégiés détiennent des actions privilégiées. Ces actions rapportent moins à long terme, mais garantissent le versement d’un dividende annuel. Les actionnaires privilégiés ne bénéficient pas des droits accordés aux actionnaires ordinaires, à savoir le droit de vote sur les mesures de l’entreprise et d’élection du conseil d’administration. Bien qu’ils n’aient pas leur mot à dire sur la direction que prend l’entreprise, ces actionnaires encourent un risque moindre : ils sont prioritaires par rapport aux actionnaires ordinaires pour réclamer leur part des actifs de l’entreprise en cas de liquidation.
Une partie prenante désigne une personne qui peut influencer ou être influencée par le projet qui vous occupe. Ce terme est couramment utilisé en gestion de projet pour représenter l’implication des différents acteurs d’un projet dans le but d’instaurer une collaboration efficace et accomplir un travail optimal. Les parties prenantes peuvent être des personnes autres que les membres d’une équipe qui travaillent ensemble sur un projet. Les actionnaires peuvent donc être des parties prenantes si le résultat du projet affecte le prix des actions.
Contributeurs indépendants, cadres d’entreprise… Les parties prenantes ont des profils variés et ne font pas forcément partie de votre entreprise. Par exemple, une agence externe avec qui vous collaborez est susceptible d’être une partie prenante d’un événement à venir. De la même façon, vos clients peuvent être considérés comme des parties prenantes, dans la mesure où leurs préférences influencent directement votre produit.
Il existe deux types de parties prenantes principaux :
Les parties prenantes internes sont des personnes qui ont un lien direct avec votre entreprise, comme des membres de votre équipe ou des partenaires transversaux. Ce sont très souvent des employés de l’entreprise, mais ce n’est pas toujours le cas. Par exemple, les actionnaires sont des parties prenantes internes, car ils sont liés à votre entreprise par le biais des actions qu’ils détiennent. De ce fait, ils sont directement concernés par les projets qui influencent la valeur de leurs actions.
Les parties prenantes externes n’ont pas de lien direct avec votre entreprise, comme les clients, les utilisateurs finaux et les fournisseurs. Ces personnes ne font pas partie de votre entreprise, mais ont des enjeux dans vos projets. Par exemple, la mise en place d’un projet de manufacture requiert des ressources supplémentaires de la part de fournisseurs.
Actionnaire et partie prenante sont souvent utilisés de manière interchangeable. Cependant, ces termes désignent deux rôles bien différents. Outre leurs définitions contrastées, les actionnaires et les parties prenantes se distinguent par les aspects suivants :
Les actionnaires et les parties prenantes ne partagent pas les mêmes priorités. Les actionnaires ont un intérêt financier pour votre entreprise en raison de leur volonté de rentabiliser leur investissement sous forme de dividende ou d’augmentation de la valeur de leurs actions. Leur priorité est donc de favoriser un chiffre d’affaires global élevé pour faire monter le prix des actions. Il faut également savoir que les actionnaires des entreprises privées et des entreprises individuelles sont également responsables des dettes de celles-ci. Cette responsabilité est une incitation financière supplémentaire pour assurer la bonne performance de l’entreprise.
Les préoccupations des parties prenantes ne s’arrêtent pas à l’aspect financier : les parties prenantes internes veulent la réussite de leurs projets pour renforcer la performance de l’entreprise, au sein de laquelle elles souhaitent être reconnues et avancer dans leur carrière professionnelle. Quant aux parties prenantes externes, elles désirent tirer des avantages de votre projet : obtenir un produit performant, interagir avec un service client à toute épreuve ou développer un partenariat bénéfique, par exemple.
[À lire] Les clés de la gestion de la clientèleLes actionnaires et les parties prenantes n’ont pas non plus le même rapport au temps en ce qui concerne l’atteinte des objectifs. Les actionnaires ne font partie de l’entreprise que pour la durée au cours de laquelle ils sont détenteurs d’actions. Ainsi, ils s’intéressent en général davantage aux objectifs à court terme, qui en influencent le cours. Par conséquent, la réussite de l’entreprise à long terme ne représente pas nécessairement une priorité à leurs yeux, puisqu’ils peuvent facilement vendre leurs actions et investir ce capital ailleurs s’ils le souhaitent.
Contrairement aux actionnaires, les parties prenantes ont tendance à se focaliser sur les objectifs à long terme de l’entreprise. Ses résultats économiques à court terme et le cours des actions ont une importance moindre à leurs yeux. Ils désirent plutôt la réussite à grande échelle de leur organisation, qui s’illustre par :
Des employés qui veulent travailler pour une entreprise qui favorise leur bien-être et leur propose des perspectives d’évolution.
Des clients qui souhaitent bénéficier d’un produit qu’ils apprécient.
Des fournisseurs enclins à maintenir leur partenariat avec l’entreprise et qui continuent d’en bénéficier à long terme.
Une entreprise doit-elle privilégier l’augmentation des bénéfices pour satisfaire ses actionnaires ou les intérêts de toutes ses parties prenantes (clients, fournisseurs, employés, etc.) ? Cette question fait débat depuis longtemps chez les business analysts, avec deux écoles qui s’opposent :
La théorie de l’actionnaire a été élaborée dans les années 1960 par l’économiste Milton Friedman. D’après lui, une entreprise doit principalement se consacrer à la création de richesse pour ses actionnaires. Il soutient que la prise de décision en rapport avec la responsabilité sociale (la manière de traiter employés et clients) doit leur revenir, plutôt qu’aux dirigeants de l’entreprise. Ces derniers étant considérés comme les employés des actionnaires, ils ne seraient soumis à aucune obligation en la matière, sauf si les actionnaires l’exigent.
La théorie des parties prenantes a été formulée en 1984 par le Dr R. Edward Freeman, professeur en administration des affaires. Celui-ci affirme que l’entreprise ne devrait pas seulement créer de la richesse pour ses actionnaires, mais plutôt l’ensemble de ses parties prenantes. En effet, son analyse part du principe que les entreprises entretiennent des relations interdépendantes avec leurs clients, fournisseurs, employés et investisseurs, sans oublier la population locale. Par exemple :
Des clients satisfaits par votre entreprise et son produit continueront de vous l’acheter.
Des employés épanouis et motivés au travail seront plus créatifs et impliqués.
Des financeurs, des partenaires et des actionnaires qui font des bénéfices continueront d’investir dans votre entreprise et lui offriront des perspectives de croissance.
Les actionnaires sont des acteurs essentiels de votre entreprise. Néanmoins, en tant que chef de projet ou responsable de programme, vous feriez mieux de privilégier les parties prenantes pour la simple et bonne raison que les actionnaires se soucient davantage des objectifs à court terme plutôt que du bon déroulement des activités d’entreprise. Si vous choisissez d’accorder plus d’importance aux bénéfices financiers dans une perspective rapprochée, cela se fera au détriment de la culture d’entreprise, des relations commerciales et de la satisfaction client.
Appliquer la théorie des parties prenantes vous permettra d’agir de manière responsable envers vos employés, clients et partenaires commerciaux. Que les parties prenantes soient internes ou externes, faites preuve d’une considération accrue à leur égard pour créer un meilleur environnement de travail qui favorise le bien-être des employés et la satisfaction des clients. Lorsqu’elle se sent écoutée, votre équipe est motivée à se dépasser pour réussir ses projets. Hélas, une étude montre qu’il s’agit du cas de seulement 15 % des travailleurs. Mais rien n’est perdu ! Il ne tient qu’à vous d’inverser la tendance : prenez en compte les besoins de vos employés et de vos partenaires et vous parviendrez à développer des relations saines et durables avec eux. Celles-ci représentent un investissement pérenne pour l’avenir de votre entreprise, contrairement aux réussites à court terme.
[À lire] 5 mesures pour augmenter la satisfaction des employésLa plupart d’entre nous travaillent avec des parties prenantes au quotidien, mais voient rarement l’ombre d’un actionnaire. Les parties prenantes contribuent à l’accomplissement de votre travail et de vos objectifs de projet, il est donc indispensable de gérer vos partenariats, coordonner vos activités et tenir tout le monde informé.
Un outil de gestion de projet sera un allié de taille pour faciliter la gestion des parties prenantes. Par exemple, Asana vous permet de créer et d’attribuer des tâches avec des échéances, de commenter directement ces tâches, d’organiser le travail en projets partageables et d’automatiser l’envoi des mises à jour de statut. Ainsi, vos parties prenantes ont accès aux informations dont elles ont besoin, quand elles en ont besoin.
Améliorer la collaboration d’équipe avec Asana